Vernissage de l'exposition, septembre 2010, photo Beope



Entretien avec les artistes

Comment avez-vous pensé cette collaboration et comment concrètement avez-vous travaillé à trois ? La métaphore de l’improvisation musicale vous paraît-elle appropriée ?

Nous avions tous déjà des expériences de travail en collectif. Il s’agit de créer ensemble l’énergie nécessaire pour rentrer vraiment dans un espace, pour se l’approprier. Nous ne sommes pas un groupe d’artiste défini. Nous nous retrouvons juste à un certain moment, pour un travail singulier, basé sur les démarches de chacun d’entre nous. Nous venons tous avec nos répertoires différents liés aux commentaires et développements de la pensée de la sculpture, et il en sort quelquechose d’autre, de discursif et relationnel. L’improvisation est un point intéressant, faire ce qui est possible, aller vite, avec des choses facilement disponibles. Mais au final ce n’est pas de l’improvisation car l’énergie produite doit aboutir à un résultat fixe qui lui survivra, qui restera, il y a un moment où l’exposition est prête.

Comment avez-vous abordé l’espace de la galerie ? Qu’est ce qui a guidé vos choix pour la transformation de la façade, la construction et l’agencement des différents niveaux de la galerie ?

Il était très clair pour nous que nous devions trouver un point de départ lié au lieu et à l’organisation même du projet. Le projet n’existe pas dans mais avec l’espace. Nous avons donc commencé à créer différents niveaux, certains narratifs, des relations entre différents éléments dans tout l’espace. On observe différents niveaux dans la galerie, qui racontent des histoires, mais sont aussi très formels, comme le deuxième étage. Nous avons rajouté des strates comme le tube et le tunnel qui créent leur propre univers et sont des modèles, des standards également.

Vous avez évoqué l’idée de créer un espace „psychologique et fictionnel“ dans celui même de la galerie, pouvez-vous en dire un peu plus à ce sujet ? On pense aux cabanes que nous construisions enfant à l’intérieur des maisons pour se rapproprier l’espace. Y’a-t-il de cela ?

C’est très pratique pour les êtres humains de créer des espaces et on pourrait dire que c’est une façon de clarifier leur vue d’ensemble, une tentative intuitive d’organiser l’environnement, sachant qu’un espace a toujours une part psychologique, qui peut parfois être répressive quand la vue d’ensemble est bouchée par les objets qui occupent l’espace, ce n’est pas lisible alors, on est en quelque sorte perdu quand on entre dans un autre monde. L’architecture est toujours liée avec une vision du monde globale, une idéologie. Nous essayons de casser les usages d’Arko en créant d’autres systèmes psychologiques, fragmentés et non unitaires, qui peuvent tendre vers la fiction.

Comment avez-vous choisi les objets trouvés ou récupérés, puis pensé l’articulation entre les éléments sculpturaux et les structures architecturales ? L’opposition entre le minimalisme des structures et le kitsch des objets est-elle intentionnelle ?

Le kitsch n’existe pas. Il s’agit plutôt ici de réglages, et du moment où tu as foi dans ce que peut te dire un objet, où il devient le fragment d’une narration ou d’une fiction. C’est la même chose avec les structures que nous avons construites et l’architecture du bâtiment. Une architecture peut être aussi vu comme un objet, une image globale et les objets peuvent être, réciproquement, des éléments qui organisent le savoir, la société (par exemple) comme le font les structures (architecturales ou organisationnelles).